Banderole: John Rander - photo sous-marine

La gestion de l’éclairage
en photo sous-marine

Voici quelques réflexions simples sur l’éclairage en photo sous-marine préparées à partir d’un cours donné aux photographes de notre club de plongée (Dromies).

Pourquoi mes images sont-elles trop bleues ?

Une image prise en faible profondeur garde encore des vestiges de couleurs chaudes ; l’image survolée montre qu’une correction de la balance des blancs (ou un post-traitement) peut faire ressortir les couleurs bien que légèrement atténuées.

Une source de lumière proche du sujet est nécessaire si vous voulez capturer les couleurs en profondeur (voir Comprendre la perte de couleurs sous l’eau). Le réglage de la « balance des blancs » sur l’appareil ne peut pas compenser les couleurs totalement manquantes. Un flash devient incontournable dès qu’on s’éloigne un peu de la surface. Pour vous donner un exemple : si votre appareil et votre flash sont placés à 2 mètres du sujet, l’intensité du rouge n’est plus que du tiers de sa valeur initiale (4 mètres de distance aller retour).

Flash déporté sous-marin, quelle puissance choisir ?

Les appareils numériques sont plus sensibles qu’en argentique. Pour cette raison les flashes sous-marins actuels sont à la fois moins puissants et plus légers. La puissance d’un flash est exprimée, pour une sensibilité de 100 ISO, par son nombre guide (NG) mesuré dans l’air en mètres (d’où appellation NG « terrestre »).  Plus le nombre est grand, plus le flash est puissant. Si on double le NG, on quadruple la puissance du flash. La valeur typique du NG terrestre des flashes sous-marins vendus actuellement varie de NG-17 à NG-24, ce qui couvre la plupart des besoins. Pensez à vérifier que le flash est compatible avec votre appareil numérique et votre caisson; vérifiez aussi la couverture angulaire du flash, celle-ci sera importante si vous prévoyez d’utiliser un objectif ultra grand-angle. Il existe aussi des flashes de moindre puissance, descendant jusqu’à NG-9, mais leur utilisation sera plutôt limitée à la macrophotographie. Les photographes qui souhaitent ajouter un deuxième flash à leur système devraient penser sérieusement à l’éventualité que celui-ci pourra un jour remplacer le flash principal en cas de panne (par exemple en croisière).

Pourquoi acheter un flash puissant ?

Parce que le nombre guide effectif sous l’eau est fortement atténué, typiquement la moitié de sa valeur terrestre voire plus si les conditions sont mauvaises.  En terme pratique, cela signifie que votre appareil verra, au mieux, le quart de l’intensité « terrestre » du flash à la même distance. N’oubliez pas non plus que chaque fois que vous doublez la distance du flash au sujet, vous réduisez ainsi l’intensité de la lumière par un facteur quatre.


Suggestion pratique : une fois acquis votre flash, pensez à vous familiariser avec ses particularités (séances piscines par exemple) avant de l’emmener avec vous en voyage. Ainsi, si vous débutez la photo sous-marine, commencez par faire un petit tableau des réglages du flash par rapport à la distance du sujet pour obtenir des images correctes (personnellement, je vous conseille de noter la distance « estimée », parce que vous ne disposerez d’aucun moyen de mesurer la distance en plongée). Cet exercice en piscine ne vous prendra pas plus de 30 minutes par binôme de photographes.

Pourquoi y a-t-il de la neige dans mes images ?

Le flash intégré d’un appareil dans un caisson transparent n’est vraiment pas adapté à la photo sous-marine, car il illumine les particules en suspension juste devant l’objectif. Dans la même idée, si vous positionnez votre flash déporté trop près du hublot du caisson vous aurez aussi de la neige dans vos images. Quand il y a beaucoup de particules en suspension, on emploie généralement des bras de flash plus longs (sauf évidement en conditions de fort courant). Autre solution employée parfois pour les images type gros plan dans des eaux turbides : équiper le flash avec un « snoot » ou un cône pour produire un faisceau qui illumine seulement le sujet et non pas la zone devant le hublot (le problème ensuite est de bien le positionner sur le sujet).

Avec un bon positionnement et une bonne orientation du (des) flash on peut souvent éviter la zone critique de l'effet "neige" devant le hubot.

Voici un exemple d'un snoot à la façon "nid d'abeille" fait maison monté sur un flash sous-marin.

Pourquoi mes images sont-elles sur/sous exposées ?

Beaucoup de photos de débutants prises avec le flash, ressemblent à ce poisson-clown surexposé (délibérément dans ce cas) ; l’image survolée montre l’avantage des prises de vue en format RAW.  Un post traitement permet de faire ressortir tout le potentiel de l’image.

L’exposition en mode « automatique » avec un flash est souvent sujet aux aléas sous l’eau (généralement  c’est l’arrière plan derrière notre petit poisson qui est visé), c’est pour cette raison que beaucoup de photographes travaillent en mode « manuel », faisant eux-mêmes le réglage de la puissance du (des) flash. Avec un peu d’expérience, on prend vite l’habitude de prérégler le flash en arrivant sur un sujet intéressant. Il faut aussi savoir qu’en travaillant en format RAW (plutôt que JPEG) on gagne plus de latitude pour corriger ultérieurement les défauts de l’exposition, ceci sans une perte de couleurs.

Pourquoi mon flash déporté donne-t-il des ombres trop dures ?

Les ombres douces sont obtenues en studio par l’emploi d’un flash principal équipé d’un grand diffuseur (grand par rapport à sa distance du sujet) ; une deuxième source (le réflecteur dans cet exemple) complétera le dispositif. Le plongeur-photographe cherchant pour ses gros plans des ombres adoucies et des couleurs bien saturées imitera cette approche.

La dureté des ombres dépend de la taille relative de la source de lumière « principal » par rapport à la distance à laquelle est placé le sujet. En studio on utilise des diffuseurs de grande taille pour adoucir les ombres sur un sujet ; en photo sous-marine, vous pouvez faire de même en approchant  votre flash aussi près que possible des sujets de petite taille pour les images en gros plan. Pour les sujets plus grands ou plus loin vous aurez besoin d’une deuxième source de lumière pour déboucher les ombres créées par le flash « principal ». Cette deuxième source peut être simplement la lumière ambiante (mais elle sera bleuâtre par rapport à la lumière du flash) ou vous pouvez employer un deuxième flash (mais, comme en studio, il faut régler celui-ci à une puissance moindre pour ne pas produire de disgracieuses ombres doubles).

Pourquoi mes sujets sont-ils écrasés, sans relief ?

Voici une image qui montre comment un éclairage latéral peut révéler la forme et la texture d’un sujet caché sur le fond. Un éclairage frontal aurait effacé la plupart des détails de ce turbot.

C’est une question d’orientation du flash « principal ». L’éclairage frontal, avec le flash trop près du hublot, ne peut pas faire sortir les ombres visibles à l’appareil photo. Par contre plus vous éclairer latéralement (côté ou au-dessus),  plus vous allez révéler la texture du sujet. Les ombres apportent elles aussi une information précieuse !

Faut-il toujours garder son flash fixé sur le caisson ?

Image prise avec le flash principal tenu à la main derrière et légèrement au-dessus de ce Dendronephthya (corail mou).

Absolument pas ! En macro (ou « proxi ») photographie il est souvent utile de tenir son flash principal à la main pour mieux le positionner. Dans d’autres situations le deuxième flash, réglé en mode « ESCLAVE », peut être porté par votre binôme pour obtenir un éclairage intéressant.  Dans cette même optique pensez à adapter le positionnement de votre (vos) flash à chaque situation, pour éviter de répéter sans fin le même éclairage. Soyez créatif ! Les bras flexibles sont là pour ça !

L’importance de la bonne gestion du positionnement et de l’orientation du (des) flash est évidente : d’où l’utilité d’une lampe pilote sur chaque flash.

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